Présent en Amérique du Nord depuis des milliers d'années, la tordeuse des bourgeons de l'épinette (TBE) est un insecte indigène qui affecte nos forêts sur un intervalle de 30 à 40 ans. La TBE est un défoliateur dont la chenille se nourrit principalement des nouvelles aiguilles en mai et juin. L'insecte s'attaque surtout au sapin, à l'épinette blanche et à l'épinette de Norvège, mais peut aussi être observé chez l'épinette noire ou l'épinette rouge et même parfois sur d'autres résineux tels que le mélèze laricin, le pin gris et la pruche du Canada. Cependant, c'est le sapin qui est le plus vulnérable à la TBE et risque mourir après plusieurs années rapprochées de défoliation grave.
Il faut retenir qu'habituellement au moins quatre années rapprochées de défoliations graves des pousses avant que les premiers arbres meurent. Les arbres les moins vigoureux et âgés, particulièrement les sapins, vont mourir en premier. La mortalité se poursuit à un rythme variable et culmine environ 10 ans après le début de l'épidémie. L'épidémie dure en moyenne de 10 à 15 ans au même endroit.
Voici le cycle de vie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette. Il est important de savoir que les dommages faits par la TBE se limitent aux pousses annuelles des sapins et épinettes et se font au mois de mai et de juin. Les papillons de tordeuse sont visibles seulement de la mi-juillet à la mi-août.
Les propriétaires forestiers de longue date se rappellent certainement l'épidémie précédente qui a sévit dans la région dans les années 1974 à 1986. La région des Appalaches avait littéralement été balayée par l'épidémie causant la mortalité des arbres sur des milliers d'hectares.
Le couvert forestier résineux régional a donc fortement été affecté par l'épidémie précédente de TBE. Environ 40 ans plus tard, la forêt des Appalaches compte une grande proportion de sapinières qui arrivent à maturité ou l'ont déjà atteint. Celles-ci pourraient faire un festin pour la tordeuse. Cependant, l'épidémie actuelle se déploie beaucoup plus tranquillement que la précédente dans le sud du Québec. Les dommages graves ont tendance à demeurer localisés. Les experts ne peuvent pas prédire l'ampleur qu'aura la présente épidémie dans la région de Chaudière-Appalaches, mais tout porte à croire qu'elle n'aura pas la même amplitude et devrait nous laisser davantage de temps pour s'y préparer.